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Le livre, le film, la médaille de l'intégration
Préparation de " la hagra 2 "

Il y aurait encore plein de choses à raconter, mais je vais arréter là.
Avant de conclure ce livre de témoignage, il faut que je parle du film que j'ai tourné avec Olivier Poussett: "Kader écrit ses papier."
Tout en vous invitant à vous procurer cette cassette qui représente un autre regard sur ma vie, je vais vous raconter l'histoire de cette rencontre avec cet ami réalisateur. Une cinéaste, Yamina Benguigui voulait réaliser un film qui aurait pour titre "Mémoire d'immigrés". Elle a lancé des journalistes sur la piste d'histoires vécus qui pourraient nourrir son film.
Parmi eux, se trouvait Olivier Pousset qui m'a rencontrer au MIB et qui a été intéressé par tout ce que je lui ai raconté de ma vie. Yamina Benguigui a refusé l'histoire de Double-Peine dans son film. Olivier m'a fait part de cette décision mais on est resté amis. Il a fini par bien connaître mon existence et lorsqu'un an après, il avait besoin d'un sujet pour un documentaire qu'il devait réaliser, c'est tout naturellement qu'il s'est tourné vers moi. Cela s'est passé dans le cadre des ateliers Varans, école de documentaires qui tous les trimestre engage des stagiaires qui doivent réaliser des courts-métrages, ensuite classés dans la journée se clôture par un jury de spécialistes. En février 1997, Olivier est donc revenu me voir : " Voilà Kader, ton histoire, on a un mois pour la filmer. Est ce que cela t'intéresse ? "
J'ai donné mon accord. Il m'a ensuite expliqué comment cela allait se passer. Pendant un mois, il m'a suivi partout où j'allais. C'était sympa et on s'est plutôt bien amusé. Olivier n'était pas un débutant. Il avait déjà réalisé un petit film sur le Maroc qui s'appelle kif-kif, donc il avait de l'expérience, il tourne.
Avec ce que je lui avais raconté, il a monté une belle histoire. Il m'a donc accmpagné à Neuilly, au Movement de l'immigration et il est venu dans la cuisine du concer du MIB, à la cigale, en mars 1997. Il m'a filmé chez moi, il a réussi à bien me mettre en valeur comme personnage de documentaire. Mais je trouve que le film est trop court, et qu'il laisse sur sa faim, un peu comme un sandwich mangé sur le pouce. Enfin il n'y a pas de doute c'est un bon documentaire et ce petit reportage pour lequel on a travaillé tout un mois pour obtenir vingt minutes m'a permis de gagner la médaille de l'intégration. Ce n'est pas le moindre de ses mérites.



Médaille de l'intégration décernée
à Kader par Koffi Yamgnane,
ancien ministre de l'intégration
lors du train forum, gare St Lazare

La médaille de l'intégration, c'est une idée de Koffi Yamgnane, ancien ministre de l'intégration, justement, et député du ministère. Il s'agit en fait d'un train / forum qui circule dans toute la France en organisant des débats et des projections de film sur l'immigration, et à la cloture gare St Lazare, Koffi Yamgname dévoile le résultat des votes des différentes villes pour élire le meilleur film et attribue des médailles de l'intégration. Le film d'Olivier Pousset n'a pas gagné mais "Kader écrit ses papiers" m'a valu cette médaille, ô combien symbolique, de l'intégration. Quand je l'ai reçue, j'ai dit quelques mots qui m'ont valu les aplaudissements du public. QU'EST CE QUE REPRESENTE UNE MEDAILLE DE L'INTEGRATION, POUR MOI ? EST CE QUE CE N'EST PAS UNE CARTE D'IDENTITE POUR QUELQU'UN COMME MOI, QUI N'A PAS DE PAPIER, CONFISQUES POUR UN JOINT?!
A la fin de la cérémonie, j'ai un peu discuté avec Koffi, qui m'a dit de ne pas hésiter à m'adresser à lui. Il m'a expliqué comment le film avait été sélectionné par des spécialistes qui avaient trouvé l'histoire intéressante. J'ai d'autant plus apprécié ce qu'il venait de dire que, dans ce concours, je m'était retrouvé en concurrence avec Yamina Benguigui pour " Mémoires d'immigrés " par l'agence Immediat et deux autres films. Yamina n'est pas venue au concours, elle s'est contenté de délégué une de ses assistantes, mais cela ne m'a pas empécher en recevant la médaille de repenser à son refus de prendre mon histoire parce qu'elle cherchait les bons immigrés et qu'ellle me considére en tant que double-peine comme mauvais immigré. Cela ne m'a pas empécher d'être reconnu. Le film d'Olivier Pousset, il est bon et s'il a une valeur c'est aussi que ce n'est pas qu'un film, c'est aussi mon histoire et que ce n'est pas n'importe quelle vie…

Conclusion

Voilà, maintenant vous avez entre les mains une bonne partie de ma vie. Tout n'y est pas, mais vous avez le principal, une existence remplie et vous pouvez en juger par vous mêmes.
Ce pays porte mon empreinte, j'y ai eu mes traces, c'est un sentiment que j'éprouve au plus profond de moi même. Et cela devrait sembler naturel à tout le monde, après ce que j'ai vécu ici. Moi, je n'lâche pas. Je resterais, il n'y a pas à revenir la dessus. Soyez en sûrs, qu'ils le veuillent ou non.
Et je suis lié à ce pays. Mon père en est la plus grande preuve, lui dont il convient d'honorer la mémoire et non pas de l'effacer comme la justice le fait quand elle s'adresse à son fils. Je rappelle que mon père, tirailleur marocain a passé 20 ans dans l'armée française, et qu'on était bien content de le trouver en 39-45 quand la France était ennemie avec les allemands, au contraire de la situtaion actuelle où tout s'est inversé, et où c'est nous qui nous retrouvons au banc des accusés. Nous, les enfants des tirailleurs, les Nord-Africains, les amis d'hier. Je suis né sous le protectorat français, en 1949, sous le régime du Maréchal Liautey. Est-ce que l'Etat Français a également perdu la mémoire de ce qu'elle a pu faire autrefois ? !
Je le répète, mes traces, elles sont là. Je reste ici, c'est mon pays. Et il faudra, si on veut que je parte, qu'on me rende mon doigt coupé à la chaîne et mes années de cotisations.

Kader N'Dali,

assisté de Jean-Pierre Petit
et Nicolas Berthod.

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